SAINT NICOLAS EN GLOIRE, SAINTE LUCIE ET SAINT JEAN-BAPTISTE

AUTEUR : Lorenzo Lotto

DATE : 1529

SIÈCLE : XVIe siècle

TECHNIQUE : Huile sur toile

EMPLACEMENT : Autel de sainte Lucie, également connu sous le nom de saint Nicolas (deuxième autel à gauche) ; sur le plan numéro 11

Le tableau est dominé par le nuage sur lequel sont disposés les trois saints. Saint Nicolas, vêtu de précieux ornements épiscopaux, est représenté dans une attitude de dévotion, tournant les yeux vers le haut avec une expression presque stupéfaite. Il a une barbe fournie et une auréole entoure sa tête, émettant une lueur radieuse. Les anges qui l’entourent portent ses attributs : les trois boules d’or avec lesquelles le saint a sauvé trois jeunes de la prostitution, la mitre et le parapluie liturgique. Les commanditaires, le gardien Giovanni Battista Donati et son assistant Giorgio de’ Mundis (comme l’indique l’inscription sur l’autel), ont choisi Nicolas en tant que saint patron de la Scuola dei Mercanti dont ils étaient membres. Aux pieds du saint se trouvent saint Jean-Baptiste, partiellement couvert par sa cape d’ermite, et sainte Lucie, richement vêtue, avec son visage de profil et fortement en contre-plongée. Le registre inférieur de la peinture est occupé par un paysage côtier, modelé par des collines et des zones plates et souligné par de grands arbres feuillus. Seul un arbre apparaît avec des branches sèches (l’arbre sec sacré de Diane, que saint Nicolas avait fait abattre et détruire), se dressant symboliquement dans le ciel couvert de nuages sombres et orageux. Au centre, au loin, on aperçoit une petite ville avec un port. Sur les routes de premier plan, les marchands transportent leurs marchandises sur des animaux de somme. En bas à droite, l’épisode de saint Georges tuant le dragon et sauvant la princesse se déroule.

L’originalité de l’œuvre réside dans sa composition et surtout dans sa qualité chromatique. Des couleurs fraîches et lumineuses dominent, qui dans certaines zones deviennent froides et tranchantes, presque acides, très différentes des couleurs chaudes de Titien, qui était prédominant dans la scène artistique contemporaine. Pour cette raison, le retable de Lotto a été accueilli avec froideur et indifférence, bien qu’il contienne des éléments novateurs remarquables, tels que le paysage nocturne vu d’en haut. Lotto a peint cette toile lorsqu’il est revenu à Venise après des années d’absence passées à Trévise, à Recanati, à Rome et à Bergame, des endroits où il a été en contact avec des cultures picturales différentes de celle de Venise. Ce sont précisément les éléments formels issus des influences extérieures qui rendaient son œuvre