LA NATIVITÉ

Auteur : Giovanni Battista Cima, dit Cima da Conegliano

Année : 1503-1509

Siècle : XVIe siècle

Technique : Huile et tempera sur panneau

Emplacement : Autel de Saint Joseph (deuxième autel à droite) ; sur la carte numéro 2

 

L’œuvre, d’une grande originalité compositionnelle et chromatique, a été commandée par Giovanni Calvo, riche fabricant et commerçant de tissus de soie, décédé en 1509 et enterré au pied de cet autel. Dans la peinture, la Vierge Marie, vêtue d’une robe rouge et d’un voile blanc sur la tête et autour des épaules, est agenouillée, les mains jointes, à côté de l’Enfant endormi, consciente du destin tragique du Fils de Dieu. Le visage est un portrait réaliste auquel l’artiste a ajouté une légère abstraction compositionnelle de signification religieuse, absente chez les deux saintes à gauche. La figure du petit Jésus, montré dans toute sa fragilité humaine, est mise en valeur par la luminosité de sa carnation très claire et du drapé immaculé dans lequel il est enveloppé. La haute avancée rocheuse et terreuse à droite sert de décor naturel à la scène sacrée qui se déroule au premier plan. À côté de la Vierge Marie se dresse l’archange Raphaël, en contraste chromatique avec le mur rocheux en arrière-plan, vêtu de blanc et d’orangé. Il est représenté conduisant le jeune Tobie par la main, habillé comme un page de l’époque avec un corset et une robe courte. La présence de l’archange est certainement une référence à la paroisse du commanditaire, l’église de l’Ange Raphaël dans le quartier de Dorsoduro. Au centre de la peinture se trouve Saint Joseph, auquel l’artiste attribue une importance inédite. Avec une expression attentive et engagée, il semble indiquer l’Enfant à un homme agenouillé, vêtu en berger, qui devrait représenter le commanditaire Calvo, offrant en cadeau un panier de nèfles et deux tourterelles, symbole de purification. L’homme est accompagné de l’enfant derrière lui, probablement son fils, et d’un chien à droite, en allusion à la fidélité. Le côté gauche de la peinture est occupé par Sainte Catherine d’Alexandrie (en souvenir de la défunte épouse du commanditaire, également nommée Catherine), tenant dans sa main le palmier du martyre et à ses pieds la roue du supplice à laquelle elle a été condamnée, et par Sainte Hélène, portant la vraie croix. Les deux saintes sont vêtues des riches costumes de l’époque. À l’arrière-plan, on peut voir un vaste paysage vallonné, dominé par un château médiéval. Dans cette atmosphère bucolique, un troupeau de moutons conduit par un jeune berger apparaît au loin.